Quand les murs nous parlent.
Les linteaux gravés à Teurthéville-Hague.
La section "Passé & Patrimoine" de "Bouger à Teurthéville-Hague" a entrepris de recenser toutes les sortes de gravures et écritures qui ornent les façades de certaines constructions de la commune.
Linteau de
la porte du « Café du Centre » à Teurthéville-Hague
Monogramme du Christ "IHS" ou "JHS"
Le monogramme
IHS (parfois JHS) est une abréviation et une translittération
imparfaite du nom de "Jésus" en grec : Ι = J, Η = E
et Σ = S (JES. = Jesus/Ιησους). |
Usage dans l'Église catholique
Passage au Latin
Le monogramme trilitère grec IHS (pour Ιησους, le nom
de Jésus) se rencontre déjà parmi les plus anciens symboles chrétiens. Lorsque
le latin devint la langue dominante du christianisme le monogramme fut mal
compris, le èta grec (en majuscule), étant identique à la lettre latine
H. Le monogramme devint I.H.S. et interprété librement comme signifiant :
- pour certains le IHSV, le 'IN
HOC SIGNO VINCES' de l’empereur Constantin (Par ce signe tu vaincras,
mots que Constantin affirme avoir entendus avant la bataille du pont
Milvius, en 312). On trouve ce sigle IHSV sur des tombes du haut
moyen-âge.
- pour d’autres le 'IESUS,
HOMINUM SALVATOR' (Jésus, Sauveur des hommes), 'IESUM HABEMUS
SOCIUM' (Nous avons Jésus pour compagnon) ou encore 'IESUS, HOMO,
SALVATOR' (Jésus, Homme, Sauveur) rencontré souvent dans des textes
latins.
Retour au Grec
Au XVe siècle les Franciscains encouragèrent la dévotion au nom de Jésus et
utilisèrent à nouveau le monogramme IHS comme signifiant simplement 'Jésus'. En
particulier Saint Bernardin de Sienne (1380-1444), un éloquent
prédicateur franciscain et force spirituelle de son temps, utilisait beaucoup
le monogramme dans sa prédication et montrait aux foules un tableau peint sur
bois (conservé à Volterra) sur lequel le IHS figurait (en
lettres gothiques) au cœur d'un soleil. Ce symbole du Christ a ensuite eu une immense diffusion.
Saint Bernardin mourut à L’Aquila (dans les Abruzzes, Italie) et la basilique où repose son
corps est un hymne au monogramme IHS.
Sceau
jésuite accompagné des armes de Benoît XVI et d'un cardinal sur le fronton de l'Église Saint-Ignace-de-Loyola de Rome
- Au siècle suivant, Saint Ignace de Loyola fut sans doute influencé par cette dévotion au
nom de Jésus. En route vers Rome, en novembre 1537 il eut à La Storta une vision où le Père céleste
le plaçait près de son fils, Jésus-Christ. C’est de ce jour-là qu’il fut
déterminé à appeler le groupe de compagnons qu’il avait formé : Societas
Iesu (Compagnie de Jésus). Il adopta le monogramme IHS
qui se retrouva alors sur son sceau officiel de Supérieur Général (le H
surmonté d’une croix), et par la suite sur d’innombrables livres,
publications, églises, collèges, et d’une manière générale tout ce qui
avait la marque de ‘jésuite’. Le summum est certainement l’immense et extraordinaire
fresque du plafond de la nef de l’église du Gesù, œuvre intitulée le
triomphe du nom de Jésus et signée par l’artiste jésuite italien Andrea Pozzo.
Polémique et usage en contexte protestant
L'Église protestante de Genève utilise ce monogramme comme emblème, mais sous sa
forme grecque. Au moment de la Réforme, l'emblème christique a ainsi été
conservé (de préférence à la Croix), sous une forme grecque (Ι Η Σ), dans
l'esprit de l'humanisme. Ces lettres sont représentées dans un soleil, en
continuité avec le symbole utilisé par saint Bernardin. L'interprétation donnée
à ces trois lettres est soit celle du début du nom de "Jésus" en
grec, soit "Iesous hemeteron soter", c'est-à-dire "Jésus
notre Sauveur".
À Genève, ce monogramme figure également dans les armoiries
de la République et de la Ville, en cimier (demi-soleil avec les trois lettres
surmontées d'un signe abréviatif), c'est-à-dire directement au-dessus du
blason.
Interprétations populaires En latin IESUS
HOMO (plus souvent : HOMINUM) SALVATOR, "Jésus Homme
Sauveur" ou plus souvent, "Jésus Sauveur des Hommes",
- En latin In hoc signo [vinces],
"Par ce signe tu vaincras" (référence à la vision de Constantin,
qui vaincra au Pont Milvius en mettant son armée sous l'emblème de la
Croix),
- En allemand, JESUS HEILAND SELIGMACHER,
"Jésus Sauveur Source de bénédiction",
- En breton armoricain, JEZUZ HOR SALVER,
"Jésus notre Sauveur".
Détail
du monogramme
Jesus Hominum Salvator = Jesus sauveur des hommes
Le monogramme du Christ IHS est souvent accompagné d'une croix latine et d'un coeur (Amour divin) avec les trois clous de la passion, le tout, quelquefois, dans un cercle évoquant l'éternité sans commencement ni fin.
P.L. - Passé & Patrimoine aout 2010.